Jean-Luc Mélenchon

Le peuple a bien voté

Le peuple a bien voté. Pour une fois que cela arrive, nous pouvons le célébrer. Et pourtant sa tâche était ardue. Il devait à la fois limiter le pouvoir de nuisance de Manu le Menteur, sans ouvrir la boîte de Pandore des programmes extrêmes. Nous verrons comment cela évolue, la partie n’est pas encore jouée, mais le peuple a choisi de bons représentants politiques pour les Trois prochaines années.

J’aurais pu dire les cinq, ce qui sera sans doute le cas, mais ce qui nous intéresse là maintenant tout de suite c’est comment gérer la fin de règne du chef de l’État, alors même que pour une fois il n’a même pas à se soucier sa réélection, sa capacité à se représenter étant limitée par la Constitution. Lorsque l’on voit le mal qu’il a fait alors qu’il pouvait encore craindre d’une nouvelle élection, on ne peut que se sentir rassuré qu’il soit contrecarré par quelqu’un comme Mélenchon.

Évidemment d’un point de vue idéologique il eut mieux fallu qu’il s’agisse de Bardella, eut égard à sa position plus raisonnable concernant l’immigration. Le problème de Bardella étant sa jeunesse, et surtout son manque de préparation. Il ne se sentait pas prêt, c’est ce que l’on voit en particulier dans sa profession de foi lors des dernières élections internes au RN. Il l’a certes emporté très facilement — trop facilement — face à Louis Alliot, mais ce triomphe exagéré portait en lui les germes de la relative déconvenue de dimanche soir.

Il eut mieux valu pour le RN que le candidat au poste de Premier ministre ait un peu plus d’années, comme un Stéphane Ravier, un Sébastien Chenu, un Philippe Ballard, voire même une Marine Le Pen, pour avoir quelque crédibilité à gérer depuis Matignon le cas Macron. Il convient de parler du cas Macron, car comme menteur pathologique notre peuple en a vu assez peu de ce type, même si de simples menteurs sont assez légion dans notre longue et belle histoire politique.

Je ne mentionnerai ici que l’apothéose et le signe avant-coureur, mais le lecteur pourra compléter bien sûr au gré de ses humeurs. L’apothéose, le zénith disais-je restera sans doute la fois où cet animal de foire nous a joué un numéro hallucinant d’hypnose collective devant les téléspectateurs médusés, en prétendant qu’une terrible maladie menaçait le pays tout entier, une année qui restera pourtant la troisième moins meurtrière en France de tous les temps. Ça, il fallait le faire. Chapeau l’artiste.

Chapeau l’artiste, il a réussi à endetter le pays et ce même plus que sous Sarkozy, et tout ça avec une simple grippe. Et encore, le Nabot pouvait argumenter qu’il devait faire face à une réelle crise bancaire, et que même si l’orthodoxie libérale le poussait à laisser tomber les établissement déficitaires, on ne pouvait pas laisser le bec dans l’eau les déposants qui avaient le simple tort de faire confiance à des banques exposées aux bulles spéculatives outre-Atlantique.

Mais là Macron a fait le super VRP Pfizer, le relai parfait entre les opinions publiques et la propagande de McKinsey. Dans cinquante ans on en rira de bon cœur, pas avant cependant car avant nos enfants vont devoir payer l’addition. Pas un mot non plus au sujet des soignants suspendus, eux sont les héros et les martyres dans une époque où l’on croyait qu’on en verrait plus. Par contre j’avais promis que j’évoquerai l’affaire Alsthom, faisons cela là maintenant tout de suite à l’occasion du paragraphe qui suit.

Emmanuel Macron, c’est quand même le mec qui a réussi à faire croire à tout le board d’Alsthom que la demande mondiale en énergie allait décroître, et que donc il était de bon ton de se défaire de certains actifs clé justement de la branche énergie. Cette prouesse a l’air comme cela moins impressionnante que l’esbroufe des vaccins, mais les connaisseurs en arnaque reconnaîtront ici la marque d’un grand maître du mensonge qu’il va être difficile d’égaler. Car autant le téléspectateur est sous le coup de l’émotion, et la peur est celle la plus évidente pour le manipuler.

Autant l’actionnaire, l’administrateur d’un grand groupe est une personne normalement assez cultivée et équipée intellectuellement pour mettre en doute des informations qui lui paraissent erronées. Tout cela pour dire que si Macron a pu prodiguer ces deux beaux mensonges avant d’être élu puis réélu Président, imaginez les tours qu’il va pouvoir nous faire maintenant qu’il ne peut plus briguer un troisième mandat et donc se soumettre aux fourches caudines de la délibération populaire. Il lui faut un Premier ministre sans compromission, et là le peuple n’a pas trouvé mieux que Mélenchon.

Mélenchon dans l’absolu n’est pas forcément la personne la plus indiquée pour une telle mission, mais là on est dans le réel, et au vu de la configuration il va falloir faire avec. D’autant plus que le RN n’est pas en deuxième position mais en troisième, ce qui facilite la création d’un gouvernement soi-disant d’arc républicain, même s’il faudra bien y intégrer une personnalité proche du RN pour que ce dernier soit prêt à voter la motion de censure, nécessaire au dégagement du gouvernement d’Attal avant de pouvoir le remplacer.

Ensuite, le peuple est tranquille, il sait que Mélenchon ne trouvera jamais la majorité à l’Assemblée pour faire passer, même par ordonnances le blocage des prix ou tout autre mesure économique dont la gauche a le secret. Tout au mieux et avec les voix du RN on pourra repasser à la retraite à 62 ans, tant et si bien que l’allongement de deux ans n’était qu’une économie de bout de chandelle par rapport à l’endettement délirant où nous a précipité l’employé de Rothschild & Co, et qui de l’aveu même d’Alain Minc, n’est qu’une pute. Une pute charmante, certes, mais une pute.